La transition économique
L'économie croate est une des plus fortes du sud-est de l'Europe et par son produit intérieur brut (PIB), qui atteignait 58,2 milliards d'euros en 2021. Après elle surpasse même les économies de quelques autres pays membres de l'Union européenne. Après l'échec du système socialiste, elle a opéré sa transition vers l'économie de marché, notamment en ce qui concerne la production industrielle.
Sous la Monarchie austro-hongroise, l'économie du territoire croate était principalement agraire, bien que cette époque ait été celle des débuts de l'ère industrielle. Le capital local était limité alors que les capitaux autrichiens et hongrois prédominaient. Les activités étaient orientées principalement vers l'exploitation des richesses naturelles (forêts) et vers la production agricole. Le développement des moyens de communication, du chemin de fer surtout, a permis la création des premiers centres industriels importants (Rijeka, Zagreb, Osijek, Karlovac, Sisak). Les conditions de développement de l'industrie se sont améliorées après l'entrée de la Croatie dans l'État yougoslave où, aux côtés de la Slovénie, elle était le pays le plus développé, le marché étant en outre plus important et protégé par son régime douanier.
Après la Seconde Guerre mondiale, dans le cadre de l'économie socialiste, l'industrialisation et le développement des régions sous-développées, auparavant agricoles, se sont accélérés tandis que le système socialiste yougoslave d'autogestion était spécifique, différent et plus dynamique que celui existant dans d'autres pays de l'Europe de l'Est, centralisé et planifié. La propriété, nationalisée, devenait dans ce modèle économique une propriété collective. Les principaux organes de gestion dans les entreprises étaient les conseils ouvriers au travers desquels les ouvriers décidaient, tout du moins formellement, de la production et de la distribution des revenus. Les taux de croissance les plus élevés ont été enregistrés entre 1953 et 1963, période pendant laquelle l'économie yougoslave, et par voie de conséquence l'économie croate, a été l'une des plus dynamiques en Europe. Cependant dès les années 1970, la croissance ralentit et, dans les années 1980, l'économie va montrer des signes avant-coureurs de crise, ce qui se manifestait aussi dans le taux élevé d'inflation. Mais la Croatie, au côté de la Slovénie, reste la république la plus développée, en particulier dans l'agriculture, l'industrie, le bâtiment, l'industrie pétrolière, les constructions navales et le tourisme.
Après le démembrement de la Yougoslavie, l'économie socialiste croate de semi-marché va se transformer en un système basé sur la propriété privée et sur l'économie de marché. Cette transition a cependant été ralentie et rendue difficile par l'agression contre la Croatie et la guerre nécessitant d'adapter la politique économique aux exigences de la défense. Les énormes dommages de guerre, estimés en 1999 à 37,1 milliards de dollars américains (160% du PIB), ont fortement grevé l'économie, ce qui rendit difficile également la transformation et la privatisation de l'économie. En outre, le passage de la propriété collective à la propriété de l'État d'abord puis à la propriété privée s'est effectué en collusion entre certaines élites politiques et entrepreneuriales, bien souvent sans achat concret des entreprises et sans investissements. En conséquence, cette phase de transition va avoir de nombreux effets sociaux et économiques négatifs : appauvrissement de la population, augmentation de la corruption et de la criminalité économique, dévastation des entreprises.
Le dinar croate a été introduit, en tant qu'unité monétaire provisoire, à la fin décembre 1991, tandis que la nouvelle monnaie nationale croate, la kuna, a été introduite en 1994. À partir d'octobre 1993, la Croatie va conclure les premiers accords de confirmation (stand-by) avec le Fonds monétaire international (FMI) et elle s'est vue octroyée, à partir de 1994, les premiers crédits de la Banque mondiale et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), ce qui lui permit d'améliorer sa situation économique mais l'endetta très fortement. Une fois surmontés les premiers dommages de guerre directs, la Croatie est passée par une phase de croissance de son produit intérieur brut (PIB). Le taux de croissance annuel le plus élevé (5,2 %) a été réalisé en 2002 et, en 2003, le PIB a atteint son niveau d'avant-guerre, soit 24,8 milliards de dollars américains en 1990. Cette tendance à la croissance s'est poursuivie jusqu'en 2008, quand elle commença à chuter, puis s'ensuivit une période de stagnation due à la récession au niveau mondial. L'économie croate a commencé à sortir de la récession en 2015, et connaît depuis lors une constante croissance économique, à savoir de son PIB.
Vers la fin des années 1990, la part la plus importante du PIB revenait au secteur tertiaire (services), soit 59 %, puis venait le secteur industriel (32 %) et le secteur agricole (9 %), ce qui représentait une situation semblable à celle de la plupart des pays développés. En 2017, cette répartition était encore plus marquée avec 70% revenant au secteur tertiaire, 26% au secteur industriel et 4% au secteur agricole.
La majorité des salariés travaille dans l'industrie de transformation, la fonction publique, l'éducation, le commerce, la protection sanitaire et le tourisme. Le taux de chômage était de 6% en décembre 2021.